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Le canal de Khol sa steng, mai-juin 99
Apporter une aide au développement de communautés tibétaines en difficulté,
tel est l'objectif qui nous avait décidé à fonder l'ADEQ.
Notre première contribution fut le financement de la construction d'un
canal pour les quelques 20 hectares de terres irriguées que possède le
village de Khol sa steng
Le
creusement du canal a débuté le 21 avril 1999 et le village attendait
les fonds que nous avions décidé d'apporter nous même, soit l'équivalent
de 80 000 FF en travellers chèques qui allaient permettre d'acheter les
matériaux de construction.
Au coeur de notre emploi du temps, se trouvait également le projet d'un
film documentaire centré sur le problème de la gestion de l'eau.
Parallèlement, nous avions souhaité partager la vie d'un village tibétain,
de la façon la plus proche, et dans ce qu'elle a d'essentiel. Un échange
de courrier avait évidemment précédé notre départ. Après une semaine passé
à Pékin, le temps de rassembler le matériel vidéo dont nous aurions besoin,
et au terme d'un voyage en train de 34 heures pour rejoindre Xining et
de 4 heures de bus jusqu'au bourg de rMa gur thang , nous sommes arrivés
à Khol sa steng le 9 mai, en tracteur, par la nouvelle piste tout juste
terminée qui relie le village au bourg.
Le
blé n'était pas encore sorti de terre, le paysage hivernal. Nous nous
sommes rendus le lendemain sur le chantier. Une centaine de personnes
travaillaient à la pelle et à la pioche aux travaux de terrassement.
Tout le village était mobilisé pour ces travaux qui allaient permettre
à l'eau de la rivière de franchir trois vallées avant d'arriver à Khol
sa steng. Cinq équipes de 8 hommes et cinq équipes de six femmes se partageaient
en permanence le travail. Des renforts venaient parfois aider, ainsi une
grosse équipe du village de Nyamo venue donner une journée de travail.
À midi, au moment de la pose, deux ou trois femmes préparaient du thé
pour tous. Assis à même le sol, par petit groupe, chacun sortait le pain
apporté avec soi et le bol en fer ou en porcelaine et déjeunait.
Mais
avant cela, les hommes n'avaient pas manqué de faire des offrandes de
fumées aux divinités protectrices du village afin d'écarter les dangers
bien réels qui guettaient les travailleurs aux passages difficiles.
D'autres fois, les repas étaient plus consistants, et de véritables cuisines
de campagnes furent construites qui permettaient de faire cuire une soupe
de pâtes agrémentée de petits morceaux de porc bouillis dans de grands
chaudrons.
Deux comptables avaient été désignés par les villageois : il s'agit de
deux responsables du chantier Duoba et Lutcham Tserang. Il leur fut remis
l07 190 yuans (80 000 FF) qu'ils déposèrent sur un compte à la poste de
rMa gur thang. Ce sont eux qui ont ordonné les dépenses.
Les 81 tonnes de ciment, achetées à la cimenterie de Ping'an, furent transportés
en camion jusqu'au village et entreposées sous bonne garde près du labtse.

La
dynamite fut largement utilisée. Une tonne et demie fut nécessaire. Suspendus
par des cordes, les plus courageux descendaient le long de la falaise
qui surplombe la rivière et plaçait l'explosif dans la roche.
Les jours de pluie, quand le sol était trop glissant, le chantier s'arrêtait.
Les villageois profitaient du temps libre pour semer les pommes de terres
que l'on coupe en trois ou quatre, comme dans nos campagnes, quand la
semence manque.
De l'école parvenaient alors les chants des écoliers répétant le spectacle
qui sera donné le premier juin, journée mondiale des enfants.
À
la suite des pluies qui, après s'être faites longtemps attendre, s'abattirent
en violents orages et grossirent la rivière, une trentaine de mètres de
l'ouvrage ne résista pas à la force du courant. Il fallut recommencer.
À peine né, le canal devait être réparé. Les qualités de bâtisseurs des
villageois ont fait chaque jour notre admiration ; leur courage a suscité
notre respect. Pendant des semaines, quotidiennement, nous avons ainsi
pu assister aux différentes étapes d'un chantier s'étirant sur près de
quatre kilomètres : calcul du tracé, terrassement et, par endroits, dynamitage
de la roche, transport du sable et du gravier venu de la rivière, monté
dans des paniers sur des sols glissants (travail particulièrement pénible
et dévolu aux femmes), coffrage et coulage du ciment, pose des canalisations
entre les vallées et dans les failles…
Le canal, qui n'était pas encore fini au moment de notre départ est aujourd'hui
terminé. En l'an 2000 ; la moisson fut bonne…
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